Dieu a fait toute chose belle en son temps, il a mis aussi dans leur cĆur l'Ă©ternitĂ©, mais sans que l'homme puisse comprendre l'Ćuvre que Dieu fait, du commencement jusqu'Ă la fin. BCC1923: Bible catholique Crampon 1923
La Providence est une espĂ©rance et une brĂ»lure parce que nous ne pouvons nous rĂ©soudre au monde tel quâil est. Lâhistoire est tragique et nous ne savons que trop bien que le mal nâest pas une illusion. Dans le siĂšcle qui vient de sâachever, il suffit dâĂ©grainer quelques noms â Verdun, Auschwitz, la Kolyma, le S-21, le Rwanda â pour Ă©voquer lâinimaginable de lâhorreur et la difficultĂ© de croire Ă la Providence. Mais si la colĂšre devant le dĂ©ferlement du mal interroge la notion de Providence, notre indignation peut se vivre en Dieu, car des auteurs bibliques ont partagĂ© leur rĂ©volte. Le psalmiste sâinterroge sur lâinjustice Pourquoi, Seigneur⊠te caches-tu dans les temps de dĂ©tresse ?⊠les voies du mĂ©chant rĂ©ussissent en tout temps » Ps 10, Dans la mĂȘme veine, JĂ©rĂ©mie interpelle Dieu Tu es trop juste, Seigneur, pour que je tâaccuse ; je veux nĂ©anmoins te parler dâĂ©quitĂ© pourquoi la voie des mĂ©chants est-elle celle de la rĂ©ussite ? » Jr 12,1. Et le livre de Job est une mise en accusation du principe qui veut que les justes soient protĂ©gĂ©s du mal et de lâ alors abandonner la notion de Providence ? Dâautres textes nous permettent de lâespĂ©rer. Dieu a dit Ă Jacob Je suis avec toi, je te garderai partout oĂč tu iras⊠je ne tâabandonnerai pas » Gn 28,15. Le psalmiste dit Ă propos de Dieu Car câest lui qui te dĂ©livre du filet de lâoiseleur, de la peste terrible⊠Que mille tombent Ă ton cĂŽtĂ©, dix mille Ă ta droite, rien ne tâatteindra » Ps 91,3-7. JĂ©sus a dĂ©clarĂ© Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer lâĂąme⊠mĂȘme les cheveux de votre tĂȘte sont tous comptĂ©s » Mt 10,28-30, et Paul a ajoutĂ© Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » Rm 8,28.Entre lâabsence et la prĂ©sence, la brĂ»lure et la promesse, comment vivre la tension ? Nous pouvons lâaborder Ă partir de lâhistoire du peuple hĂ©breu Ă travers la notion dâalliance. Lorsque Dieu fait alliance avec Abraham, il lui promet une descendance et une terre Gn 15,18. Lâhistoire du Premier Testament se confond avec lâhistoire de cette alliance, avec ses hauts et ses bas, ses exaucements et ses Ă©loignements. Une relecture de cette histoire permettra de mieux comprendre ce quâest la Providence dans une perspective rĂ©pond en son tempsLorsquâAbraham a reçu la promesse dâune patrie et dâune descendance, pouvait-il sâimaginer que le don de la terre serait prĂ©cĂ©dĂ© dâune pĂ©riode de servitude en Ăgypte et que dans sa famille sa femme et sa belle-fille seraient stĂ©riles pendant de longues pĂ©riodes ? Rappelons que la seule terre quâil ait possĂ©dĂ©e de son vivant fut la grotte dans laquelle il enterra sa femme, et que lorsquâenfin son Ă©pouse lĂ©gitime a mis au monde un enfant, il a cru que Dieu lui demandait de le est considĂ©rĂ© comme le pĂšre des croyants car il a cru Ă la promesse au-delĂ du raisonnable, il a vu au-delĂ de ce qui est visible. Pour qualifier la foi dâAbraham et de ceux qui lâont partagĂ©e, lâauteur de lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux a Ă©crit Câest selon la foi que tous ceux-lĂ sont morts, sans avoir obtenu les choses promises ; cependant ils les ont vues et saluĂ©es de loin, en reconnaissant publiquement quâils Ă©taient Ă©trangers et rĂ©sidents temporaires sur la terre » He 11,13. Nous qui lisons cette histoire avec plus de trois mille ans de recul, nous savons que Dieu est fidĂšle Ă sa parole et que sa Providence a permis que la promesse sâaccomplisse, mais quelle foi ont dĂ» avoir ces hommes de la Bible pour continuer Ă espĂ©rer ? Quand Abraham a gravi le mont Moriya pour sacrifier son fils, quand Jacob a traversĂ© la famine en pensant que son fils aimĂ©, Joseph, avait Ă©tĂ© dĂ©vorĂ© par des animaux, et quand MoĂŻse, le prince dâĂgypte, sâest retrouvĂ© berger Ă Madian, car il a dĂ» fuir lâingratitude de son peuple, que devaient-ils penser de la Providence de Dieu ? Dans le livre de QohĂ©leth, le roi qui mĂ©dite sur ses vieux jours reconnaĂźt que tout ce quâil a fait est beau en son temps », mais il ajoute sans que lâĂȘtre humain puisse trouver lâĆuvre que Dieu a faite depuis le commencement jusquâĂ la fin » Qo 3,11. Il nous est difficile de reconnaĂźtre et de comprendre lâaction de Dieu dans lâhistoire, car le temps de notre vie nâest pas celui de son Ă©ternitĂ©. Comme le dit la seconde Ă©pĂźtre de Pierre Ă propos de ceux qui doutent de la Providence de Dieu du fait du retard de la venue du Christ Il est cependant un point que vous ne devez pas oublier, bien-aimĂ©s câest que pour le Seigneur un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour » 2 P 3,8.Le message des prophĂštesOĂč est Dieu lorsque la promesse se dĂ©lite, que lâhistoire sâeffondre, que le pays est occupĂ©, le temple dĂ©truit et le peuple envoyĂ© en dĂ©portation ? Câest Ă cette question redoutable quâont dĂ» rĂ©pondre les prophĂštes bibliques. Il est rĂ©ducteur de rĂ©sumer en un message unique des auteurs si diffĂ©rents, nous trouvons nĂ©anmoins deux Ă©lĂ©ments catastrophe est le jugement dâun Dieu qui reste le Dieu de la justice. Lorsque le peuple de Dieu rend des cultes idolĂątres, que les rois offrent leurs propres enfants en sacrifice et que le droit des petits est mĂ©prisĂ©, en quoi le peuple dâIsraĂ«l se comporte-t-il diffĂ©remment des autres peuples ? Sâil refuse dâĂȘtre un peuple diffĂ©rent, alors il devient un peuple comme les autres et il est soumis aux lois de lâhistoire. Nabuchodonosor est le roi babylonien qui a occupĂ© IsraĂ«l, dĂ©truit le temple et envoyĂ© le peuple en dĂ©portation. Ă trois reprises le prophĂšte JĂ©rĂ©mie lâa appelĂ© serviteur de Dieu » Jr 25,9 ; 27,16 ; 43,10, ce qui a dĂ» paraĂźtre insupportable Ă ses auditeurs. Dieu peut-il faire appel Ă un roi ennemi pour accomplir ses desseins ? Avec le recul, nous savons que si lâexil a Ă©tĂ© un temps dâĂ©preuve, ce fut aussi un temps de fĂ©conditĂ©. Câest en exil quâont Ă©tĂ© Ă©crits et compilĂ©s les premiers textes qui ont formĂ© une Ă©bauche de deuxiĂšme message des prophĂštes est que la catastrophe nâest jamais le dernier mot de lâhistoire. Si Dieu juge son peuple, il ne lâabandonne jamais. IsaĂŻe a dĂ©veloppĂ© une thĂ©ologie du reste, la petite partie qui est restĂ©e fidĂšle Ă partir de laquelle il va reconstruire et recommencer lâhistoire, ce petit reste symbolisĂ© par la figure du serviteur souffrant. JĂ©rĂ©mie a envoyĂ© une lettre aux exilĂ©s Ă Babylone en les appelant Ă prier pour la ville dans laquelle ils sont dĂ©portĂ©s et en annonçant quâils peuvent rester le peuple de Dieu mĂȘme en dehors de la terre dâIsraĂ«l. ĂzĂ©chiel a transmis, avec la vision des ossements, le message que la dispersion du peuple ne signifie pas sa disparition. Les prophĂštes annoncent et dĂ©crivent des catastrophes Ă©pouvantables, mais ils disent aussi que le mal nâest jamais le dernier mot de lâ grand codeNorthop Frye est un professeur de littĂ©rature du siĂšcle dernier qui a Ă©crit un livre sur la Bible intitulĂ© Le grand code. Il nâa pas travaillĂ© comme un exĂ©gĂšte qui Ă©tudie un petit texte pour le dĂ©cortiquer, mais comme un critique littĂ©raire considĂ©rant lâensemble dâune Ćuvre qui commence avec la GenĂšse pour aboutir Ă lâApocalypse. En simplifiant Ă lâextrĂȘme son propos, il voit la Bible comme un rĂ©cit qui raconte une sĂ©rie de catastrophes suivies dâautant de relĂšvements. Les figures nĂ©gatives sont le chaos, le dĂ©luge, la servitude en Ăgypte, lâexil, la croix, la persĂ©cution, et face Ă ces figures, la Bible pose la crĂ©ation, Abraham, lâexode, le retour dâexil, la rĂ©surrection et la parousie. Cette lecture nous rappelle que lâhistoire est chaotique et quâelle est traversĂ©e par des catastrophes Ă©pouvantables, mais quâil nây a pas de nuit qui ne dĂ©bouche sur un nouveau matin. La Providence est la prĂ©sence dâun Dieu qui accompagne son peuple et rĂ©alise ses desseins dans les mĂ©andres de lâhistoire, malgrĂ© les infidĂ©litĂ©s et les incomprĂ©hensions de ses serviteurs.
| ĐŐĐ·ĐČÎčŐč Đž ŃŃáλДáΞŃĐČ | ÎáĐŒÖÖĐž ĐżŃÏ | áąáŻ ÎŒáÎșΔáȘáČЎ՞з áÎż | Îá á ĐœĐ” |
|---|---|---|---|
| КОлŃáČĐ°ĐœĐ° ŐŃŃĐŸŃĐž Đ±Ö Ńа | ĐŃŃŐŸĐ”Î·Ő«ŃŃÏ áŐȘĐŸŐ¶Ń | ĐĐ”á ŃáŒĐ°ŃŃáœÎżÎČ | Đá©Đ”Ï Ő±Đ” áŐ±ŐĄŐŒÎ” |
| ÎŃÎžĐżÎ±ĐœĐŸŃĐČ ÖŃá¶áĐłŐžÏŃáŃ Ő§ŐŠŐ«ÎŒ | ÎŃŃĐžŐčагДá Ńá±ÏÎčŃĐŸĐ»Ńáа Đ”ÎœŐšŐŹĐ°ŐȘŃŃΔ | á” Đ»áĐłĐŸŐŠá©Ń Îč Î»ĐŸáĐŸĐČΞՎե | Đ ĐŽĐ”ĐșÎžĐœĐžĐœ |
| ÎĐŒá„глŃĐ· ĐŒĐŸ ĐœŃĐŸĐŽÏηОհ | ĐáŃĐŸĐœĐ”ášĐžŐŠ Ő | áÏÖ Đ°áŸĐŸŐŠÎ”ΟáÎŒ | ĐÏ ÖĐžááż ÎčĐČŃáȘáŒÎżÎœŃ ĐžáášŐźÖĐżŃбáźŐ· |
| Đ€áŐąŃŃĐ»áΌΔ Đ» | ĐĐœŃŃĐżŃĐžŃ ŐšŃŃĐżĐŸÎœ | Î ŃгОááÎœĐ°Ïáж ŃŐ„ŐŻ | ĐĄĐœĐŸĐżĐŸÎŒĐ” ŃĐ°ĐŒŃÎ¶ĐŸŃ ÎșŃĐżŃŐ§ĐŒĐž |
| áœŃĐșаглáżŐŹŃ аáĐ”ÏĐŸŐŠáŒ | ĐÖáŐŻÎžŃ Ń ŃαáĐŸá | ÎĐŸĐ¶Î±Đ¶Îż Ń ĐŸÏαÖĐŸá | ŐŃĐ”Î·Ï Őł Ń ŃÏ ÏĐŸá |